Avant d’être le créateur de jeu de rôles qui nous intéresse ici, François Nedelec est avant tout un passionné de jeu. C’est ainsi qu’il se retrouve, au début des années 1980, dans l’orbite du génial magazine Jeux et Stratégie où il participe à la conception des jeux proposés en encart. Bien sûr, jeune homme (il est né en 1954) passionné de jeux à cette période, il ne pouvait éviter la rencontre avec ces nouveaux jeux comme Dungeons & Dragons ou Traveller qui commençaient alors à arriver dans les cercles de jeux parisiens depuis l’autre rive de l’Atlantique. Bref, les jeux de rôles…
Le milieu du jeu de rôles français est alors (déjà ?) minuscule et François Nedelec rencontre alors des passionnés comme François Marcela-Froideval, Didier Guiserix et les autres « historiques » de Casus Belli. De même, l’offre en jeux de rôles français est également des plus restreintes puisqu’il n’existe alors pas de traductions et très peu de créations françaises (L’ultime épreuve et Légendes, sortis en 1983), d’ailleurs nettement orientées vers le passé plus ou moins fantastique.
Outre sa passion du jeu, François Nedelec a aussi la passion de la littérature de Science-Fiction (ouf !). Sa rencontre avec le prestigieux Gerard Klein (non, pas celui-là, l’autre !), directeur de collection chez l’éditeur Robert Laffont, va permettre la naissance d’Empire Galactique et la définition de ses caractéristiques principales : un jeu de Science-Fiction dont le format (livres distribués en librairies traditionnelles et non boîte en boutiques spécialisées), la présentation (collaboration avec un illustrateur) et les règles (simples et largement expliquées) devront être adaptés au grand public.
On est alors en 1983. Après un an de travail collaboratif acharné avec le talentueux Manchu, la première édition des règles d’Empire Galactique sort en livre format « roman » abondamment illustré. L’année suivante, ce premier volume est soutenu par un second : Frontières de l’Empire, recueil de scénarios où l’auteur du jeu s’entoure de nombreux collaborateurs comme Duccio Vitale ou Jean-Charles et Sylvie Rodriguez (tous, auteurs de jeux eux-mêmes).
Bizarrement, le jeu, malgré l’absence de concurrents véritables, peine à trouver son public. La préférence marquée des amateurs de jeu de rôles pour le genre médiéval-fantastique ? Le « snobisme » relatif de ces premiers joueurs qui les poussent à se détourner d’un jeu grand public pour lui préférer d’obscurs jeux en VO ? L’explication est encore aujourd’hui difficile à trouver.
L’éditeur Robert Laffont reste en tout cas fidèle à François Nedelec et publie en 1986 son deuxième jeu de rôles : Avant Charlemagne. Celui-ci propose de jouer des aventures historiques légèrement teintées de fantastique à l’époque des Mérovingiens. Bien reçu par la critique, le jeu pâtit néanmoins aux yeux du public d’un thème un peu trop spécifique… Retenons tout de même que c’est dans ce jeu que François Nedelec pose les bases d’un système de jeu qui sera en grande partie transposé dans les prochains ouvrages dédiés à Empire Galactique.
En effet, en 1987, Robert Laffont décide de relancer Empire Galactique et de sortir de nouveaux suppléments (les fameuses Encyclopédies Galactiques en deux volumes) et même une seconde édition des règles de base et de certains scénarios de Frontières de l’Empire au format poche et à prix dérisoire. Hélas, une certaine confusion dans cette politique éditoriale (les règles des Encyclopédies et celles de la 2ème édition, sorties quasiment en même temps, ne sont qu’imparfaitement compatibles…) et la montée de la concurrence (le jeu de rôles Star Wars traduit en français en 1988 par Jeux Descartes) finissent par ruiner les dernières chances d’un jeu… qui aura tout de même eu le mérite d’être, par ses caractéristiques, sa diffusion et son prix modique, d’être le premier jeu de rôles découvert par de futurs passionnés (dont votre serviteur…).
Suite à ce relatif échec, François Nedelec abandonne le milieu du jeu de rôles et se dirige vers un nouveau type de jeux prometteurs : les jeux informatiques. Travaillant pour l’éditeur Coktel Vision, il va notamment réaliser une adaptation d’Empire Galactique parue en 1990 sous le nom habilement international de Galactic Empire (puis Advanced Galactic Empire en 1991) ! Après ce dernier regard vers l’Empire aux 25 000 mondes, François Nedelec se dirige vers des projets plus grand public chez l’éditeur Infogrames (Marco Polo, le jeu des Guignols de l’info…) et dans la division multimedia du géant Canal Plus. A cette époque, le meilleur qualificatif pour décrire l’activité professionnelle de François Nedelec est sans doute : « game designer freelance ».
En tout cas, cette liberté a permis à notre auteur de ne pas complètement couper avec l’univers du jeu de rôles. Dans les années 1990, il publie un « Tarot d’Ambre » chez l’éditeur de jeu de rôles Jeux Descartes qui traduit et distribue le jeu de rôles américains paru sur ce cycle littéraire. Surtout, en 2001, il participe à l’écriture d’un supplément pour un jeu de rôles de SF : Les Maganats pour les Métabarons.
François Nedelec nous a quitté en Juin 2009.